Virée automnale de 8 journées en Gaspésie

Jour 1

Voilà, je suis « on the road » pour ma Gaspésie 🌊

J’aurais aimé mettre la « switch » à « off » dès le départ et laisser à Québec ce qui m’a blessée, chavirée, mais je n’ai pas trouvé la « switch ».

De Rimouski à Carleton-sur-Mer , ma première halte, j’ai conduit dans la tempête. Image puissante de ce qui m’habite en ce moment. J’ai accueilli avec sérénité.

Arrivée en bordure de la majestueuse Matapédia, les souvenirs de mon voyage d’adoption en Gaspésie revivent.

Même température, pluie et vent. J’avais 17 ans, et mon compagnon du moment conduisait sa Duster or. La Duster claqua un trou d’eau sur la chaussée et à ma grande stupéfaction, l’eau passa par un trou du plancher à mes pieds, (trou caché sous le tapis) donc, la pression de l’eau boueuse entra par ce trou et comme un jet me frappa en pleine face. Imaginez!

C’était en écoutant la cassette de Bob Dylan: Slow train coming. Cassette qui se faisait manger par le lecteur et que je devais faire avancer le ruban en entrant un stylo dans la roulette pour passer le ruban frippé. Oui, Bob Dylan, je m’empressai donc de l’écouter sur Spotify. J’étais bien, je me souvenais et j’accueillais ce moment oublié et combien agréable.

Oups! plus de musique. Internet coupé dans la Matapédia. Étrange coïncidence avec 40 ans d’évolution d’écoute musicale.

Enfin arrivée à la fin de la tempête à 16h à Carleton. La mer était là, grondait et s’essouflait dans un banc de brume de bord de mer. Je n’aurais pu souhaiter cela. Exactement ce dont j’apprécie d’elle.

Mon hôte Ann, m’enseigna un Certificat sur l’utilisation de son bidet et un Bacc pour sa douche. Inconnues, nous avons rit aux larmes dans sa salle de bain.

J’y passerai 2 nuits, 2 jours, le temps de reprendre contact avec moi et puis je longerai le bord de mer pour rencontrer celui qui a fait bondir mon coeur il y a 40 ans. Enthousiaste et gênée, heureuses émotions.

Évidemment brûlée, je me suis laisser tomber d’épuisement à 18h40.

À 4h ce matin, j’ai dégusté mon premier café Gaspésien en écoutant les flots se fracasser contre les récifs sous un ciel parfaitement étoilé.

Merci Julie de prendre soin de moi 🙏

Jour 2

Un lever de soleil discret avec fond d’air tempéré.

La plage est à mes pieds. 2 agréables heures à marcher en bord de mer, à écouter, à sentir, à me connecter à moi-même, auprès de l’océan.

Le moment présent est intense et calme à la fois. C’est l’heure que l’étale installe son effet miroir sur l’eau. Quoi de mieux!

Caméra à l’épaule, ces heures assouviront se besoin de mettre en images, la beauté de la Vie 🙏

Des galets ont crée des oeuvres magnifiques. Ça et là, à mes pieds, seuls ou regroupés, ils sont uniques et colorés. Ils sont vivants à travers le ressac de la mer.

Puis ma journée se laissait aller, observatrice et curieuse, à me promener à Carleton-sur-Mer. Seulement à lui seul, le bras de mer qui nous mène dans un décor balnéaire, jusqu’au phare de Carleton et le camping, vaut ce temps de route.

Je me suis fait le plaisir de placer ma caméra sur son monopode et capter le plongeon des cormorans. Des torpilles comme le mentionne Ann, mon hôte.

J’ai découvert le Mont St-Joseph qui cumule 550 mètres de haut. Pas si pire comme hauteur, mais la dénivellation est aiguë. En 1ère vitesse et ça veut descendre quand même, pas le choix de freiner malgré les nombreuses pancartes évitant de freiner. Hi la la. Si vous ne le savez pas, je devrais figurer dans le livre Guiness pour record des incidents mécaniques dans des endroits pas évidents. Ça s’est bien passé, avec un goût amer et une tite tension dans le corps.

Il y a un oratoire sans explications. La vue est superbe. Je vois le bras de mer, les champs, les éoliennes (vues seulement d’en haut) les montagnes, l’océan et Carleton. Y fait frette.

Je rentrerai chez mon hôte à 15h, gelée et fatiguée de la marche. Mais l’air marin a remplit mon corps.

Soirée impeccable, en excellente compagnie de mon hôte. Wowww!! Connexion de discussions faciles et variées. Elle m’invita à manger un potage des légumes de son potager. Succulent.

Je suis très bien. La Gaspésie m’accueille avec une charmante gaspésienne. Merci!!!

Ce matin, je reprend la route, direction St-François-de-Pabos retrouver mon amoureux de mes 18 ans.
40 ans!! sans le voir!! Julie, Julie…..

Je lui ai dit à la blague au téléphone, qu’on paierait pour aller voir ce film 🤪

Je suis heureuse d’écrire en ce moment, sur le mini clavier de mon cell, avec seulement le pouce qui claque l’alphabet.

La mer est là, elle gronde toujours. Je l’aime 🌊

Voilà, c’est tout!

« On the road again » 🎶

Jour 3

Bonaventure était une escale de souvenirs et aussi de revoir ses magnifiques bras de sable. J’ai passé tout droit. Mon regard sur ma droite admirant la mer quelque peu déchaînée et mon cerveau détendu inconsciemment, j’ai réalisé, rendue à Paspébiac que je ne retournerais pas en arrière. C’était comme ça que cela était.

Donc, passant Bonaventure, je pensais à celui que j’allais revoir, et le moment et la raison pour lesquelles j’avais accepté sa demande au printemps 1981.

voudrais-tu devenir ma bergère?

Invitant pour moi, une jeune excentrique de 17 ans, qui avait vécu en Nouvelle-Écosse l’été précedent et dont la liberté et le bord de mer avait imprégné une Vie différente et attirante.

https://voyagesenborddemer.com/…/halifax-et-ses-environs/

Bref, j’en reviens à mon road trip.
Mon itinéraire en bord de mer est toujours planifié assurant d’admirer la mer à droite (la fenêtre d’avant est plus large vers la droite pour le conducteur). Vue qui ne se peut si elle est à la gauche. C’est pour cela que j’ai dormi mon premier soir à Carleton et mon dernier sera à Matane.

La distance entre Carleton et St-François-de-Pabos est d’1 heure 15 minutes.

Ce sera en 8 heures pour moi. Plusieurs arrêts de découverte de plages, quais de pêcheurs et parcs agrémentent ce voyage.

À Paspébiac, je me suis alors souvenu d’un road trip en Harley, et arrêtant à la station service de Paspébiac, le vieil homme, probablement le propriéraire demanda à l’ami qui conduisait la Harley, Gino, il était Sicilien, si j’étais son « étrange », nommée ainsi lorsque voulant parler je crois de sa douce moitié.

Je suis arrivé à quelques pas de Renaud. J’arrête la voiture à la petite école, mon coeur frappe si fort. Calme, calme me dis-je.

J’ai cueilli un bouquet de tanaisie, déposé sur mon tableau de bord et qui embaume la voiture.

Est-ce que cela s’offre à un homme par amitié?

Bon, journée à la température tristounette, mais splendide journée avec moi-même. Comblée 🙏

J’y vais…

Jour 4

Voilà, c’est fait, mon retour en arrière de 40 ans. Je passe maintenant à une autre source de bienfait.

Toujours pas pressée d’avancer sur la route, j’avance à coup de quelques 100 km par jour pour 8 heures à relaxer, contempler, apprécier. Je suis bien, calme et satisfaite de moi. J’ai passé 1 heure à me balancer et regarder le Rocher percé. Beau et fier.

Le dîner et l’après-midi ensoleillé, m’ont été très bénéfiques. Un endroit idéal pour moi, la plage de
Coin-du-banc à l’est de Percé qui s’étend sur plus de 7 km. Ça vaut le temps de s’y arrêter.

Pas de caméra, mais bien avec mon filet de maille, plaisir et curiosité, j’ai cueilli coquillages et bois flotté. Inspirée pour de nouvelles oeuvres.

Quel magnifique moment pour moi!! J’ai même dégusté une Corona sur la plage.

Ce soir, je dormirai au Nordet. Très bien avec vue sur l’océan et tout près d’un sanctuaire d’oiseaux: Pointe-Saint-Pierre.

Je suis la seule cliente. C’est tranquille un peu trop. Y fait noir, j’aime pas trop. Mais au réveil, il y avait des clients. Pas seule qui voyage autour du 20 octobre, d’autres aussi…

Espérant un lever de soleil éblouissant demain, je prendrai la route pour Gaspé et ses environs.

Le temps passe calmement depuis mon départ dimanche dernier.

Jour 5

C’est le plus beau et long spectacle d’un lever de soleil à vie!! Après bien sûr celui de Godbout sur la Côte nord en septembre dernier en compagnie de ma fille, ma compagne de voyage.

1h30 de couleurs, formes et intensités lumineuses. Je suis éblouie par tant de beauté. Émue.

Il y a dans cette nature, une complicité énergisante entre le ciel et les nuages, le soleil et ses tons de feu et l’océan qui immortalise toutes ces créations.

Je ne sais combien de km est la superficie de ma vue sur l’océan en ce moment, c’est à perte de vue tant sur le fond que sur la largeur. Je suis surélevée de quelques mètres de la mer, ce qui me permet une perspective de photos dans un très large périmètre. Joie énorme.
La terre est ronde…

De plus, c’est le sifflement des oiseaux marins qui fait effet de trame sonore.

Merci Julie, merci dame nature et merci la Gaspésie.

Jour 6

Ce road trip planifié quelques jours avant mon départ, est différent des autres, bien sûr ils sont toujours différents et uniques, celui-ci a bien quelques objectifs pour ma guérison, mais pas de préparation pour la route. Un seul itinéraire, une route, le bord de mer…

En fait, je découvre, au fur et à mesure que chaque lever du jour m’accorde. Pas de liste de phares, de ponts couverts, de parcs, de rues de la plage ou rues de la mer, mais que je découvre avec une joie immense au fil des kilomètres parcourus. Chaque jour est planifié selon un trajet qui me permet de rentrer dormir avant la noirceur et de profiter au maximum du plein air et du bord de mer.

Ce matin, après le spectacle du lever du soleil à St-Georges de la Malbaie, je me suis dirigé vers Gaspé. Dès 9h, je marchais le long de la superbe plage Haldimand. La mer se retirait doucement. Je me plais à cueillir des dollars de sable, couteaux de mer et quelques gros bourgaux. Journée lumineuse, chaude presque, pas de vent, je suis heureuse, dans mon élément, le bord de mer. Je suis en paix, reposée…

J’avais initié avant mon départ un endroit précis: le point le plus à l’est de la Gaspésie, le Parc Forillon. Parce que c’est le point qui divise la Gaspésie entre la Baie des Chaleurs et le Golfe du St-Laurent et parce que c’est aussi la moitié de ma route.

J’ai trouvé une minuscule plage de galets, assise sur un bois flotté, j’ai remercié mon père pour tout. Déposés sur une roche, un peu de ses cendres que j’avais conservées. J’observais l’océan les embrasser et l’émotion unique de ce moment me chavira.

Et tenant dans ma main ma flèche de coeur micmaque, espérant qu’à cet endroit unique et émouvant, la mer l’énergiserait à nouveau.

https://voyagesenborddemer.com/2016/04/10/panmure-island-pei/

Voilà, un autre bienfait et accomplissement afin de panser cette épreuve. Papa tu connais sûrement Forillon, tu connaissais tant de choses. Paix et reconnaissance 🙏

Puis, en haut de cette plage nommée Anse aux Amérindiens de la nation micmaque (j’étais déjà épatée par le lien avec ma flèche de coeur micmaque portée sur mon coeur lorsque je suis en baisse d’énergie), il y avait une plaque informative en l’honneur du Père du Pacifique et le lien avec les aînés. Ça, ce n’était pas prévu non plus, mais intensément reçu en plein coeur. Je me rappellerai…

Jour 7

Lorsque j’ai repris ma route de Forillon vers l’ouest, la température changea et mon humeur aussi. J’étais sur la route du retour.

Le soleil restait à Forillon et les nuages m’accompagnaient. Un étrange sentiment de solitude me saisissait de l’intérieur sans trop y porter attention je me dirigeai vers Rivière-au-Renard pour passer la nuit dans le gîte du passant Le Gîte du Renard. L’hôte Ève me proposa le resto La Révolte en front de mer pour déguster un excellent « fish and chips ». La Révolte, coïncidence? Non, je suis plus calme, pas révoltée, du moins pas maintenant.

Ce matin, dès 7h, j’étais sur la 132 ouest pour entreprendre la partie entre mer et montagnes. Nuageux, sombre et lumineux à la fois avec les couleurs automnales des arbres. Des valses d’éoliennes à la route des phares dont le plus haut au pays celui du Cap des Rosiers à Forillon.

Cette route panoramique doit se prendre doucement. 70 km/h pas plus pour moi, je préfère laisser passer les quelques voitures qui me suivent et qui filent plus vite. J’ai apprécié hautement la tranquilité et la vue imprenable des petits villages comme Mont Louis et Marsoui.

Avant que la pluie se manifeste vers 14h, j’ai eu la joie de profiter de plusieurs heures pour marcher la belle plage de Cap-Chat et y cueillir quelques larmes de sirènes. Je ne pouvais me résigner à quitter le bord de mer, même si la pluie était là. J’ai passé un bon moment emmitoufflée dans ma couverture, assise sous un chapiteau à l’abri de la pluie pour contempler la mer qui frappait ses flots sur la plage.

Je dormirai dans le bed and breakfast Entre mer et montagnes, hâte au déjeuner préparé par les hôtes. Maison centennaire 1836, très jolie chambre avec vue sur le front de mer.

J’ai choisi différents types d’hébergement pour ce road trip guérisseur tels que Airbnb, motel, gîte du passant et bed and breakfast. Intéressante variété.

Demain, le soleil sera à mes côtés et la mer aussiiiiiii.

Jour 8

Le versant nord de la Gaspésie est différent du versant sud. Pas de lever de soleil, et la durée du jour est plus courte, moins de 60 minutes de clarté. Plus froid, plus humide. La Baie des Chaleurs porte bien son nom.

Après une pluie abondante en après-midi, j’ai fais une pause au bistro Le Valmont à Cap-Chat en front de mer, il y a bien la route 132 qui les sépare mais la vue est imprenable, fenestré à souhait ce bistro est d’ailleurs le seul ouvert sur ma route depuis mon entrée en Gaspésie. Un excellent bol de café au lait accompagné d’une délicieuse part de gâteau au fromage, ça réchauffe une voyageuse.

Voyager au Québec dans les derniers jours d’octobre est un défi en soi concernant les commerces et services ouverts. J’avais donc organisé le tout, ayant sur mon siège arrière de la voiture ma glacière électrique. Nourriture prêt-à-manger, biscottes, mousse de crevettes, bananes, nectar de poires, humus, muffins. N’importe où et n’importe quand, je peux manger sans contrainte.

Au bed and breakfast entre Mer et Montagnes, j’ai choisi le gîte et le déjeuner. Excellente omelette avec salicorne de mer. L’hôte me présenta sa Gaspésie. Il l’adore, comme il adore son gîte et ses invités. Contente pour lui, le gîte est plein.

Je reprends la route pour Matane. Je me plais à prendre tous les petits chemins qui portent le nom de mer, grève, plage… C’est ce que je préfère sur la route, découvrir à une vitesse plus que calme. Contemplative et admirative des bords de mer. Quelques promenades, je ne peux m’en empêcher. Elles sont les dernières, cela m’attriste. Afin de ne pas m’imprégner de cette mélancolie, je revis mon arrivée à Carleton avec sa plage de galets, le moment présent Julie…

Matane la belle! avec un 3 degrés, les nuages plats en forme de tapis ondulé retiennent l’humidité, le vent frappe fort, la mer est agitée. Y fait frette, trop frette. Pas agréable du tout. Cette température s’ajoute à cette mélancolie du retour.

Pas le choix, je reprends la route. J’ai fait un petit tour du Vieux Matane en bordure de la rivière Matane, joli et invitant.

Et sur la route du retour, je cherche ce qui pourrait bien remplacer ce vide. Et pourquoi pas remettre sur la carte mon road trip en Acadie et la Route Évangéline. C’était aussi il y a 40 ans en 2020. Pandémie oblige je n’y suis pas allé. Voyage d’exposition de mes oeuvres et quelques ateliers artistiques et revoir quelques endroits de l’été de mes 16 ans à Halifax et environs.

Ce retour à la maison est rempli d’émotions, ce road trip m’a fait un grand bien. Je le referais demain matin. 8 jours exceptionnels, moments intenses et mémorables. Un cadeau de moi à moi, j’en avais vraiment besoin.

Que pensez-vous de cet article ?

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur la façon dont les données de vos commentaires sont traitées.